Billet du 20.09.2025
Prisonniers de guerre et déportés rapatriés, morts ou blessés aux combats, réfugiés
Après une belle pause estivale, nous voici de retour avec un document d'archives inédit portant sur la Seconde Guerre mondiale.
François Balès est né le 25 mars 1921 [1] au bourg d'Ergué-Gabéric où son père Jean-Marie exerce le métier de boulanger.
Il est collégien au lycée de la Tour d'Auvergne à Quimper en classe de 6e, et en partie de 5e : « Sous la galerie, j'évite tant bien que mal poursuites et quolibets. "Sale bleu, sale bleu" crie le gros lourdaud qui me traque ... François Balès, un jeune garçon au teint clair, les joues piquées de taches de son, se range à mes côtés. Ses yeux bleu-gris, ombragés de très longs cils, fixent notre adversaire avec une feinte férocité. » (souvenirs de Maurice Dirou).
Il doit travailler très tôt à la boulangerie du bourg d'Ergué, en remplacement de son père malade : « Fañch le boulanger d'An Erge Vras, potache au lycée de la Tour d'Auvergne jusqu'en 1938, avait dû quitter ses études et rejoindre le fournil familial alors qu'il n'était en première. Sa mère venait de mourir de la poitrine. » (Angèle Jacq).
Il participe activement au casse des bureaux du STO [2] de Quimper en janvier 1944, en brûlant notamment les dossiers voilés dans le fournil familial : « Fanch nous appela un jour. Nous nous sommes retrouvés avec Pierre Le Moigne et Hervé Bénéat dans un petit réduit, au-dessus du fournil. Il s'agissait de la destruction des dossiers du STO, préparée par le groupe quimpérois, dont il ne connaissait qu'Antoine Le Bris ... Il était 17 h 30. Fanch avait amené la Celta 4 taxi empruntée à son oncle Hervé sans sa permission. A 18 h 15, nous étions au rendez-vous devant l'école de l'Espérance, où s'était installé le STO ... Dans le fournil, nous étions en slip, tant il faisait chaud. Cela dura jusqu'à 4 h 30 du matin environ. » (témoignages de Jean Le Corre).
Ayant échappé à son arrestation par les forces d'occupation, il est nommé responsable du groupe de résistant d'Ergué "Libération-Nord". A la Libération est est membre des "Corps Francs F.F.I.".
Décédé le 29 août 1944 près de Plomodiern lors des combats de la presqu'île de Crozon, il recevra le 23 décembre 1945 à titre posthume la croix de guerre avec étoile d'argent.
Sa mémoire est honorée dans le Dictionnaire en ligne Le Maitron, via une notice rédigée par l'historienne Annie Pennetier : « François Balès, devenu chef de corps franc participa aux combats pour la libération de la presqu’île de Crozon dans la position de la côte 163 et fut tué alors qu’il récupérait des armes laissées par les soldats américains dans leur repli. Son compagnon Jean Grall nota dans son carnet de route, que deux gars veillèrent son corps dans une grange la nuit suivante. »

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- ↑ Naissance - 25/03/1921 - Ergué-Gabéric (Le Bourg) : BALES François Marie, fils de Jean Marie, Boulanger, âgé de 32 ans et de Marie Catherine Josèphe LE ROUX, Ménagère, âgée de 20 ans. Témoins : François LE ROUX et François BALES les 2 cultivateurs en cette commune, signent. Mentions marginales : Mort pour la France le 29/08/1944 à Plomodiern. Notes : Né à 11h du soir. Acte du 28/03. Le père signe. acte
- ↑ Le Service du travail obligatoire (STO) fut, durant l'occupation de la France par l'Allemagne nazie, la réquisition et le transfert contre leur gré vers l'Allemagne de centaines de milliers de travailleurs français, afin de participer à l'effort de guerre allemand que les revers militaires contraignaient à être sans cesse grandissant (usines, agriculture, chemins de fer, etc.). Les personnes réquisitionnées dans le cadre du STO étaient hébergées dans des camps de travailleurs situés sur le sol allemand. À la fin de l'année 1942 ils étaient seulement 240 000. Les autorités Allemandes et Françaises organisèrent alors un recensement général des travailleurs Français et tentèrent d'imposer à tous les inactifs de trouver un emploi. Dans chaque ville importante, un service administratif du STO, dépendant d'une Feldkommandantur, était chargé de gérer les dossiers et de la désignation des « déportés du travail ».