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On raconte aussi qu'un griffon redoutable avait jadis son repaire dans une caverne de la pointe rocheuse qu'on appelle toujours, en souvenir de lui, le Griffonnez. Ce dragon exigeait qu'on lui livrait chaque mois une jeune fille de vingt ans pour se repaître de sa chair friande, et, moyennant cet horribl tribut, il épargnait à peu près les habitants du pays, se contentant de mettre leurs troupeaux en coupe réglée.
Le sort tomba un jour sur l'héritière du riche seigneur de Penhoat, une ravissante penn-herez, que le fils du manoir voisin de Kermahonet, noble et pauvre gentilhomme, aimait en silence sans oser prétendre à sa main. Désespéré d'apprendre que celle qu'il chérissait allait devenir la proie du monstre, le jeune homme osa attaquer celui-ci dans sa caverne et le combattit avec une telle rage qu'il en vint à bout. Vainqueur, il rentra chez lui tellement épuisé, déchiré, empoisonné par l'haleine empestée du griffon, qu'il dut rester un mois malade. Pendant ce temps, un autre prétendant sans scrupules s'était vanté d'avoir lui-même exterminé la bête, et avait obtenu pour cette prétendue prouesse, la main de celle qui, à l'en croire, lui devait la vie.
Heureusement, le fils de Kermahonet avait coupé et emporté, en témoignage de son triomphe, la langue fourchue de sa victime. Il la présenta au seigneur de Penhoat sous le porche de l'église de Cuzon, au moment où le mariage allait être célébré, confondit son misérable rival, que le comte de Cornouaille fit jeter en prison pour félonie et mensonge, et épousa lui-même « la rose de Penhoat . Une statue en raccourci du dragon, avec ses ailes de chauve-souris et ses pattes griffues se voit encore dans la cour de Kermahonet.