Billet du 28.06.2025
Petit patrimoine : penntiez, linteaux et toits de chaume
Comme on l'avait faire pour les Mémoires des Papetiers, c'est au tour de l'espace Patrimoine de faire l'objet d'une finalisation des migrations des articles de l'ancien site, et parmi ceux-ci des éléments de "patrimoine vernaculaire", à savoir deux "penntiez" du XVIe siècle dans le secteur de Lestonan.
Le premier des "penntiez" (littéralement bouts de maison ou habitations typiques d'ouvriers agricoles) est d'abord une petite grange au toit de chaume au village de Kerveady.La couverture en chaume a en fait été réalisée en mai 2014 par Claire et Yann Le Guillou, propriétaires des lieux, et a remplacé un toit de tôle dont l'état se dégradait. Aujourd'hui cette crêche ou petite grange, ouverte à l'est par une grande porte et dotée de deux minuscules fenêtres, trône comme une chapelle au milieu d'un placître d'herbe tondue et bordée d'imposants chênes et châtaigniers.
Il est aussi indéniable que le domaine de Kerveady au début du 19e siècle était formé de bâtiments en toits de chaume. On dénombrait à Kerveady pas moins de cinq chaumières (maisons, crêches et grange) : « une crêche nommée ar Craou izela ... an ty izela ... an ty bihen ... an Craou bihen ... une grange nommée ar bardy ... construite(s) de simple maconne et couverte(s) en paille ».
En fait en 1808, seule la maison d'habitation principale, aux allures de petit manoir, était en ardoise car elle était dénommée « Ty-glas », le mot "glaz" attestant de la couleur bleue des ardoises. Et dans cette habitation un linteau de pierre gravée daté de 1569.
Yann Le Guillou, amoureux des vieilles pierres, décrit cette épigraphe gravée en creux : « En 1998, l'ancien propriétaire l'a démonté pour créer une fenêtre supplémentaire, et l'a placé dans la maison, comme manteau de cheminée. Il est très ancien, et difficilement déchiffrable. »
En haut à gauche, apparaît une date : 1569. Puis, deux noms (peut être ceux des propriétaires bâtisseurs) G : GUEFFER : ET : SAFA.En dessous; M???CC (sans certitude car très usé) (un blason au milieu du linteau) et QVERE (a priori du latin). De chaque coté du linteau, des rosaces, et on retrouve en bas à droite la date : 1569.
Le second "pennti" est vraiment une maison de fermier près de la chapelle de St-Guénolé et le linteau à accolade au-dessus d'une ouverture orientée au nord porte une date en chiffres romains vraisemblablement du 16e siècle.
A 150 mètres au nord-est de la chapelle, ce pennti de très beau d'aspect est certainement l'une des plus vieilles maisons gabéricoises. Sur le mur orienté au nord, une ouverture qui était autrefois une porte basse est actuellement partiellement calfeutrée. Au-dessus est placé un linteau ouvragé en accolade et portant une date en chiffres romains.
Avant la fin du 16e siècle, les caractère utilisés pour les chiffres étaient en numérotation romaine et les textes en lettres gothiques. Par la suite ce sont les chiffres arabes et l'écriture dite « humanistique » qui vont s'imposer. Les spécialistes lient généralement cette double mutation au concile réformateur de Trente (1545-1562).
L'inscription sur le linteau de Quélennec est gravée en creux de type glyphe, d'une ciselure fine proche du graffiti, et au grain recouvert de particules de lichen, ce qui ne facilite pas la lecture.
Les premiers caractères sont néanmoins bien lisibles : « MCCCCC », ce qui donne bien 1500 en chiffres arabes. Les caractères suivants sont plus difficilement déchiffrables. Henri Chauveur relève la date de MCCCCCiii, soit 1503. Pour notre part on pense y lire plutôt « MCCCCCLiX », soit la date de 1559.

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